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Humanisme et agilité, fin d’un paradigme managérial ?

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Le mardi 20 novembre a eu lieu, dans les locaux de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, l’Agile Tour Paris 2012.

Cette journée, chargée de conférences et d’ateliers autour de l’agilité, a commencé par une keynote de Véronique Messager que je partage avec vous aujourd’hui.

Le paradigme managérial

Véronique Messager a ouvert le bal avec une keynote très impressionnante. En annonçant qu’il y en a assez de la crise, concept omniprésent depuis plusieurs années, il est normal, dans un contexte agile, de se demander si l’humain ne serait pas, après tout, LA solution.

L’agilité, telle que nous la définissons, est un levier du changement. Le manifeste Agile énonce “Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils”, remettant ainsi l’humain au centre du processus. Seulement, il a déjà été établi que l’humain présente une résistance naturelle envers le changement, ce qui est d’ailleurs l’un des principaux freins aux transitions vers l’agilité.

Véronique Messager, afin de présenter le paradigme managérial, a défini le concept de paradigme par l’histoire d’enseignement suivante :

Cinq singes sont isolés dans une pièce où est accrochée au plafond une banane, et seul un escabeau permet d’y accéder. La pièce est également dotée d’un système qui permet de faire couler de l’eau glacée dans la pièce dès qu’un singe tente d’escalader l’escabeau.

Les singes tentent un à un de monter l’escabeau, arrosant ainsi ses congénères d’eau glacée. Les autres singes, comprenant comment fonctionne le système, frappent systématiquement le singe tentant d’escalader l’escabeau, dissuadant au final tous les singes d’aller chercher la banane.

Les scientifiques conduisant l’expérience décident de remplacer l’un des singes. Cependant ce dernier, ne connaissant pas le système, se fait frapper par les autres singes dès qu’il tente l’ascension.

Les scientifiques font le changement cinq fois, obtenant cependant le même résultat, c’est-à-dire qu’aucun singe ne tente d’aller chercher la banane.

Cette histoire, visant à illustrer ce qu’est un paradigme, le définit tel qu’un modèle ou un ensemble de valeurs, définissant un rail de la pensée.

Il existe bel et bien aujourd’hui un paradigme managérial qui se caractérise par notamment:

  • L’autocensure
  • La méfiance
  • La coercition
  • Le contrôle
  • La frustration

Bien qu’il existe de bons managers, il est souvent rare qu’on ait appris à manager, mais au contraire à contrôler. Les managers sont en général des professionnels investis de nouvelles responsabilités sans le savoir-faire, suivant un paradigme. C’est-à-dire qu’ils répètent ce qu’ils ont vu auparavant, ce qu’ils connaissent déjà, sans chercher à changer les choses. De nos jours, cette forme de management est mise en place via la bureaucratie et des procédures de plus en plus lourdes.

Cependant, aujourd’hui, il apparaît de nouveaux risques au sein des équipes dont notamment:

  • Risques psychosociaux
  • Burnout
  • Epuisement moral

Ces risques nécessitent d’être solutionnés, et ceci ne peut se faire qu’à travers une nouvelle forme de management. C’est d’autant plus vrai que les nouvelles générations de professionnels ont des centres d’intérêt différents, beaucoup plus orientés sur le partage et sur la ludification, sans omettre un niveau d’exigence bien plus élevé.

L’Humanisme

Courant de pensée datant de la Renaissance, l’Humanisme énonce que la culture est le moyen d’obtenir le libre-arbitre. Ainsi la psychologie humaniste introduit l’idée que l’Homme possède un vrai potentiel et qu’il doit être responsable de ses actions afin de pouvoir l’atteindre.

Ce concept peut facilement se placer dans un management humaniste où les collaborateurs sont également responsables de leurs actions, à condition d’avoir les outils adéquats.

Comment mettre l’humain au centre de l’organisation

Bien qu’il soit commun de penser que les émotions n’ont pas leur place dans le monde du travail, l’Homme de par sa nature est un être d’émotions, qui influent directement ses performances, le freinant ou le poussant à aller de l’avant.

L’Homme a également besoin de donner un sens à ses activités, déterminant ainsi ses motivations. Si ce sens n’est pas partagé, on ne peut pas avoir de vision commune, ce qui a pour conséquence un questionnement de sa propre utilité. Sans vision, on ne peut servir que ses intérêts propres.

On le voit bien aujourd’hui, nous sommes des êtres sociaux, avec un besoin toujours plus grand de collaboration, et partage de connaissances, générant ainsi un certain plaisir et une hausse de performance. Ce concept a notamment été établi par la pyramide des besoins de Maslow.

Enfin, l’humain a besoin de liberté. L’autonomie génère souvent une hausse des performances, c’est pourquoi l’auto organisation est prônée par l’agilité.

Agilité, moyen d’aller vers le management humaniste ?

Bien qu’on parle souvent d’agilité, il ne faut pas oublier qu’il existe plusieurs agilités, entre autres l’agilité des méthodes et l’agilité des personnes. Cette dernière, naturelle, est parfois grippée par l’environnement, empêchant tout changement.

  • Agilité des équipes
    • Une équipe se développe tout au long du projet, innove et adopte l’amélioration continue. Elle corrige ce qui ne fonctionne pas et accepte le changement. Les échanges se font de façon transparente et elle travaille en autonomie.
  • Agilité des managers
    • Le but des managers est de créer un cadre favorable à l’équipe. Ils accompagnent les collaborateurs et créent la confiance tout en levant les obstacles. Il est important de donner du temps à ses collaborateurs, s’adaptant à chacun, en fonction du niveau de maturité de l’équipe, des compétences et de la motivation de chacun. Rassurer et donner du feedback sont des éléments essentiels.
  • Agilité de l’organisation
    • La valeur d’une organisation provient du bas de l’échelle, qui est au contact direct du client. Il sera ainsi bénéfique de créer des liens entre les managers et le terrain afin d’obtenir un gain de réactivité.

Pour conclure

L’humanisme et l’agilité sont donc deux facteurs de succès. Cependant, on rencontrera une certaine résistance pour sortir du paradigme établi, et ce à tous les niveaux. Cette intervention de Véronique Messager montre la relation entre le management et l’agilité sous un jour nouveau, permettant ainsi d’indiquer une direction possible menant vers un management plus humain.