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La Communication et l’Agilité… des Etoiles – 1/3

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Cet article a été écrit suite à la Conférence Agile du 24-25 mai 2012.
Il s’appuie, dans sa globalité, su
r les conférences de Damien Thouvenin et Pierrick Revol (Polycompétence des équipes), Dorothée le Seac’h (Changer de paradigme pour le Product Owning), Jean-Claude Grosjean (Petits outils de facilitation à l’usage des honnêtes gens), Thierry Montulé (Un problème de communication Agile, L’agilité aux frontières de la psychologie sociale), ainsi que sur l’ouvrage de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois (Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, PUG, 1987). Qu’ils en soient ici remerciés.

Cet article, scindé en 3 parties, aborde les multiples facettes de la communication et leur usage dans l’Agilité.

Le présent article met en relation différentes modalités d’échange, explicites ou implicites.
On se penchera, dans un second temps, sur la place que la communication peut occuper dans l’Agilité.
La dernière partie sera consacrée à la mécanique d’engagement présente dans la méthode SCRUM.

1 – La communication des humains

C’est dans les confins les plus proches de notre système solaire, sur l’orbite d’Alpha du Centaure (A), que le vaisseau de reconnaissance rentre doucement à la flotte amirale. Sur la plate-forme principale, Zi, le chef de la flotte spatiale reçoit le rapport de ses deux subordonnés, tandis que sa petite fille joue tranquillement avec un amalgèse.

Le rapport, structuré en trois parties plutôt riches en observations pour un aussi court séjour sur place, annonçaient d’emblée la couleur : communication non-verbale et verbale, dans un premier temps.
Les deux espions s’étaient ensuite attachés à l’usage de la communication que les hommes faisaient dans le cadre de leur « Méthodes Agiles », notamment par l’usage d’un langage commun, de nombreuses transpositions, et d’un retour d’informations régulier.
Enfin, la troisième portion du rapport abordait une déviance particulière : comment les hommes réussissaient à se manipuler par la communication, dans le cadre de ces étranges « Méthodes Agiles »…

Zi leva les yeux sur le premier espion, qui prit alors la parole :

« Nous avons pu infiltrer la planète sans encombre, chef. Nous avons profité d’un événement nommé Agile France pour examiner les humains. Je me suis déguisé en humain moustachu avec un chapeau, tandis que Zorlob se faisait habilement passer pour un canard.
Ces humains sont en train de développer des moyens de communication indirecte, moins évoluée que le système actuel, en perfectionnement depuis plusieurs millions d’années. »

Zi fronça légèrement les sourcils. « Ils abandonnent la communication non-verbale ? »

« D’une certaine façon, oui, ils semblent vouloir de plus en plus ne communiquer que par des appendices technologiques qu’ils nomment « ordinateur », « smartphone », ou même « Facebook ». C’est à n’y rien comprendre. »

Zi reprit une expression neutre. Il était totalement impossible aux hommes de ne pas communiquer. Parfois – souvent -, ils n’en étaient pas conscients. Même sans rien dire, leur attitude suffisait pour indiquer aux interlocuteurs attentifs quel était le fond de leur pensée. Et lorsqu’ils parlaient, plus de la moitié de leur message ne passait que par leurs postures. Sans articuler un seul son, les hommes pouvaient discuter entre eux, entrer dans une série de transactions complexes entre individus d’un même groupe. Il suffisait de les observer dans les tubes de ferraille qu’ils nommaient « métropolitain » pour constater qu’un seul regard en disait beaucoup plus que des discours noyés dans le brouhaha des rames grinçantes.

Certains savaient même communiquer avec de petites baguettes de bois, qu’ils apposaient contre leurs index. Il établissaient ainsi une relation, basée non pas sur la parole, mais sur leurs sensations corporelles, prenant conscience que leur attitude seule suffisait à établir un contact, qu’ils pouvaient ensuite enrichir de gestes supplémentaires, de regards appuyés, de mouvements dans l’espace.

D’autres encore pouvaient faire des phrases d’armes avec de fines tiges d’acier, adopter tour à tour une attitude agressive ou soumise, inerte ou coopérative, mais surtout comprendre et s’adapter au rythme du partenaire. Le choix des termes techniques employés était intéressant, puisque les hommes se cachaient derrière un couvre-chef métallique nommé « masque », mais qu’ils révélaient énormément d’eux-mêmes, à pousser leur adversaire ou subir ses assauts.

Que ce soit avec des objets de la vie courante ou les mains vides, Zi trouvait que les hommes savaient clairement se faire comprendre, sans avoir besoin d’émettre le moindre son.

« Ils se ne parlent plus, alors ? »
« Eh bien… ils s’écrivent de plus en plus. »

À force de se cacher derrière des écrans, la communication « en tête-à-tête » – qui devenait parfois face-à-face – risquait de leur devenir étrangère. Tout ceci tenait de l’absurdité aux yeux de Zi.

Les intonations des discours humains représentaient presque autant que le langage corporel, alors que le contenu du discours ne représentait, à l’oral, que 10% de la teneur du message qu’ils tâchaient de transmettre. Il avait vu lui-même certains individus dire à leur supérieur hiérarchique « Ne t’en fais pas, ce sera prêt demain! » tout en pensant « On ne va nulle part, on n’aura jamais fini ». La seconde proposition, toute implicite qu’elle soit, était nettement mieux perçue.

A la fin seulement venait le langage, le « fond remonté à la surface », et les multiples idiolectes : le message explicite.

L’ensemble, corporel et verbal, obéissait à plusieurs règles souvent implicites et parfois ignorées des hommes eux-mêmes : Le contexte de l’échange, d’abord, qui imposait d’adapter le message à son interlocuteur pour assurer qu’il avait bien été compris. Les codes du groupe où se déroulait l’échange composaient le second ensemble de règles : la « hiérarchie », les « amis », « Belle-maman »…

Enfin, la communication interpersonnelle était une affaire d’état d’esprit : les hommes se trouvaient toujours plus ou moins bien disposés à dialoguer de façon constructive selon que leur train avait eu du retard, ou leur café meilleur goût que d’habitude. Leur communication journalière se construisait de façon séquentielle, où chaque discussion affectait l’humeur et le contenu de la suivante.

Zi leva un sourcil.

« Est-ce très répandu ? »
« Non, jusqu’ici seule une grosse poignée se complait dans ces moyens d’échange. Même dans les milieux qu’ils nomment « professionnels », l’échange verbal est encouragé, voire incontournable. »

Zi se détendit.

Il n’était pas rare que les humains s’enferment dans leurs problèmes lorsqu’ils y étaient confrontés, et cette implication émotionnelle avait toujours fasciné Zi – de même que leur égocentrisme. Il fallait qu’on leur présente leur problème sous un angle différent pour qu’ils prennent en compte l’avis de leur voisin, et des rôles d’intermédiaires et de facilitateurs étaient un prérequis dans de nombreuses équipes pour un travail et une entente optimaux.

~

Mais il restait à Zi plusieurs aspects à aborder, qu’ils touchent à cette étrange propension que les humains avaient à se manipuler entre eux, ou bien aux liens entre la communication et… ah, comment appelaient-ils cela ?… Ah ! oui : l’Agilité.

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